Edendahotour
Tournée d’Etienne Daho en 2019, l’EDENDAHOTOUR
La tournée est prévu à l’automne 2019. Elle débute à Créteil le 25 octobre et fini le 25 janvier à l’Olympia à Paris tout en passant par la Philharmonie de Paris, Pleyel et la Belgique, produite par Decibels Prod.
En 1996, Eden
marque un virage dans la construction de l’édifice pop d’Etienne Daho. Après le succès phénoménal de l’album et de la tournée Paris, Ailleurs
, Etienne Daho éprouve le besoin d’effectuer sa métamorphose rituelle. A sa sortie, Eden
, métissant chansons, électro, jungle et easy listening, déconcerte médias et public.
Le temps faisant son œuvre, Eden
est aujourd’hui devenu la pierre angulaire de la discographie de Etienne Daho, mais aussi un des albums favoris de son auteur et de ses admirateurs.
A l’occasion de la réédition d’ Eden
fin 2019 (édition augmentée de raretés et d’inédits), Etienne Daho entamera une série d’une vingtaine de concerts exceptionnels à travers la France. Ce spectacle d’1h15 environ reprendra l’intégralité de l’album Eden
, mais aussi du mini album Résérection
(réalisé avec le groupe anglais Saint Etienne) et du répertoire contemporain de l’album, comme le single Le Premier Jour (du reste de ta vie)
.
EDENDAHOTOUR 2019, septembre 2019 à janvier 2020 – ITINÉRAIRE
CRÉTEIL (94) – Maison des Arts, le Vendredi 25 Octobre 2019
MONTPELLIER (34) – Le Corum / Opéra Bierloz, le Mercredi 30 Octobre 2019, première partie Yan Wagner
CHÂTEAURENARD (13) – Salle de l’Étoile, le Jeudi 31 Octobre 2019, première partie Yan Wagner
TOULOUSE (31) – Le Bikini, le Mercredi 6 Novembre 2019, première partie Yan Wagner
PARIS (75) – La Philharmonie, le Lundi 11 Novembre 2019, première partie Saint Etienne
– Affiche du concert
CLERMONT-FERRAND (63) – La Coopérative de Mai, le Jeudi 21 Novembre 2019, première partie Yan Wagner
LYON (69) – Auditorium, le 23 Novembre 2019, concert enregistré
– Affiche du concert
BLOIS (41) – Le Jeu de Paume, le Samedi 30 Novembre 2019, première partie Malik Djoudi
NANTES (44) – La Cité des Congrès, le Mardi 3 Décembre 2019, première partie Yan Wagner
RENNES (35) – TNB Salle Vilar – Trans Musicales, les Mercredi 4 et Jeudi 5 Décembre 2019, première partie Rouge Gorge
– 41èmes Trans Musicales de Rennes, Découvrez la superbe bande annonce réalisée par Léo Demeslay.
BREST (29) – Le Quartz, le Mardi 10 Décembre 2019
MÉRIGNAC (33) – Le Pin Galant, le Mercredi 11 Décembre 2019, première partie Yan Wagner
BRUXELLES (BELGIQUE) – Cirque Royal, Vendredi 13 Décembre 2019, première partie Yan Wagner
ROUBAIX (59) Le Colisée, le Samedi 14 Décembre 2019, première partie Yan Wagner
ANZIN (59) – Le Théâtre, le Dimanche 15 Décembre 2019, concert reprogrammé au Dimanche 26 janvier 2020
CHAMBÉRY (74) – Espace Malraux, le Samedi 21 Décembre 2019
PARIS (75) – Salle Pleyel, le Lundi 23 Décembre 2019, première partie Moïse Turizer. Compte rendu du concert sur le site Pop, Cultures & Cie
PARIS (75) – Olympia, le Samedi 25 Janvier 2020, première partie Studio Electrophonique – Live Report ici sur le blog Pop, Culture & Cie.
– Affiche du concert
– Affiche de la première partie Studio Electrophonique
– Affiche du jour de la mise en vente Sold Out
– Etienne & James Leesley (Studio Electrophonique) en back stage par Alain Bib
– Etienne & James Leesley (Studio Electrophonique) dans les couloirs de l’Olympia par Alain Bib
Photo Etienne Daho
ANZIN (59) – Le Théâtre, le Dimanche 26 Janvier 2020, reprogrammation de la date initialement prévue au 15 Décembre 2019
EDENTOURDIARY
CRÉTEIL – 25 OCTOBRE
Des mois, des mois et des mois de préparation pour un projet improbable: Reprendre un album de 20 ans d’âge, le bel âge soit dit en passant. Ce devait être un petit pas de côté, un projet unique à la Philarmonie de Paris, puis mon manager et producteur de spectacle Pierre-Alexandre Vertadier à réussi à me convaincre de prolonger de plusieurs dates mais à mes conditions: jouer dans des lieux intimes de préférence. Je n’étais pas certain que ce soit une bonne idée au départ, car je venais de terminer le « Blitztour » à Berlin en février et cela me paraissait précipité de repartir en tournée si vite et d’être trop présent.
Monter ce genre de spectacle nécessite beaucoup de travail et c’est toujours frustrant de ne le jouer qu’une fois comme lorsque j’ai joué « Pop Satori » au festival des Inrocks en 2006. Puis l’idée à mûri dans ma tête, l’obsession à commencé et le processus s’est mis en place, implacable.
Jouer l’album Eden uniquement aurait donné lieu à un spectacle de 40 minutes donc trop court. J’ai décidé d’y ajouter le répertoire enregistré entre 1995 et 1998, soit l’album Eden en intégral et dans l’ordre, le mini album Résérection avec le trio britannique Saint Etienne et les singles hors albums (Idéal et Le premier jour). Pour me faire plaisir, j’ai ajouté une reprise de The Normal (Warm Leatherette), de Yoko Ono (Walking On Thin Ice) et un extrait de mon EP enregistré avec le duo New Yorkais Comateens et qui n’était pas sorti à ce jour (Get Off My Case). Cela commençait à ressembler à un show cohérent d’une heure et quarante minutes.
Et la production s’est mise en place. Travailler avec Sarah Sanders pour choisir les bonnes tonalités de chant. Décortiquer les masters et réidentifier les sons de l’album pour le rejouer dans ses couleurs d’origine avec Mako et Jean-Louis Piérot. Retravailler les batteries avec Matthieu Rabatté et les basses avec Marcello Giuliani. Réadapter l’orchestre avec l’arrangeuse Uèle Lamore. Remixer « Me Manquer » et adapter les reprises avec Yan Wagner. Imaginer une scénographie et des lumières avec Victorien Cayzeele. Fabriquer un son à la fois nineties et contemporain avec Damien Bertrand.
Puis répéter pendant des semaines avec le groupe au Studio Luna Rossa, puis avec un superbe quatuor composé de Octavio Angaria, Caroline Pauvert, Lison Favard et Joachim Baumerder. Nous avons été épaulés par une belle équipe technique attentive, merci à Julien Decarne et Clément Daubord pour le son sur scène et à nos backliners Arnaud Macé et Toto.
Puis nous avons été accueillis 4 jours au super MAC de Créteil pour fixer le son, la scénographie et les lumières, choisir nous tenues de scène avec Pauline Foussat. Je porte des tenues Céline crées par mon ami Hedi Slimane. Mako notre socle, gère sa prestation à la guitare et tous les problèmes techniques qui surgissent sans cesse. Il est partout. Il m’impressionne par son sérieux et son calme. L’équipe s’agrandit avec Alfred Boulanger au son de facade mais aussi avec Jean Maxence Chagnon, Anthony Etienne, Paola Picasso aux lumières et Laurent Bruel à la déco et au prompteur. J’ai compilé une playlist édénique pour le préconcert avec des titres de Surf music un peu obscurs et des chants d’oiseaux du paradis.
Je dors mal et j’ai l’impression stressante que nous ne sommes pas assez prêts, même si nous sommes bichonnés et rassurés par Pascal Meley le directeur de prod, Laurie Holzer qui aplanit tous nos problèmes et Dan Ongaro qui a un oeil sur moi. Nous corrigeons son, lumières et arrangements jusqu’au dernier moment. Pierre Alexandre et Nathalie Noennec, notre premier public, crayons et calepins en mains assistent la dernière filée pour nous donner leur ressenti. Le son en salle et les mixes de Damien Bertrand sont puissants et précis. Les lumières de Victorien sont magnifiques. Je suis heureux et étrangement calme.
Puis la tension monte d’un cran. J’essaie de me préparer lentement pour ne pas céder au trac. Pascal vient nous chercher. Dans 10 minutes sur scène. J’ai imaginé toute cette aventure et là maintenant il va falloir se jeter à l’eau. Il va y avoir des vrais gens dans cette vraie salle. Tous les musiciens sont prêts et très chics. Nous nous embrassons et nous nous souhaitons un bon show. J’entends les oiseaux. Les clameurs du public montent. Les lumières s’éteignent. Le sol se dérobe sous mes pas. Je m’avance dans la lumière et attaque Au commencement les yeux fermés, une boule dans la gorge. Les applaudissements éclatent. J’ai survécu à la première chanson. Puis le show se déroule avec tension énergie et fluidité. Les musiciens sont fantastiques de précision. J’adore chanter toutes ces chansons, dont certaines pour la première fois et j’aime la radicalité que l’exercice impose, sans tubes ou chansons connues, à part Le premier jour. Le public nous porte. C’est bon et festif. Nous avons tous ensemble, musiciens et technique, passé l’épreuve du feu. Backstage nos amis ont les yeux qui brillent. La belle aventure commence.
Photo: Anaïs Callens
MONTPELLIER 30 OCTOBRE – CHÂTEAURENARD 31 OCTOBRE
Après la course, la pression des répétitions et du premier concert dans la foulée, nous étions tous impatients de continuer, mais il a fallu attendre plusieurs jours avant de rejouer. Nous avions tous très hâte. Beaucoup de gens cherchent à acheter des places mais tout est archi complet depuis des mois. Tout s’est vendu en 3 secondes. Je n’avais pas imaginé que cette petite tournée pour le plaisir provoquerait un tel élan. Nous arrivons à Montpellier sous le soleil. Bon signe. J’ai un souvenir très fort d’avoir joué Eden dans le mythique Rockstore en 1997. Cette fois ci c’est au Corum. Salle magnifique dont l’acoustique est prévue pour le classique. Damien Bertrand et David Omer se creusent la tête pour contourner les complexités acoustiques. Yan Wagner ouvre le show et sa voix grave fait vibrer la salle. Il teste de nouveaux titres pour la première fois et l’accueil du public est très chaud.
J’ai un trac qui me coupe littéralement les jambes. Les deux premières chansons sont difficiles à chanter d’entrée de jeu, car en plus de leur complexité, je dois trouver mon équilibre sonore avec Julien Decarne notre ingénieur scène, qui ne me quitte pas des yeux. Il y a un énorme de retour de son de la salle et je m’entends mal. Mais le public est incroyablement réceptif et me porte. Je trouve mon équilibre sur le troisième titre « Un serpent sans importance » que j’adore chanter. Des visages familiers et souriants au premier rang. Les sublimes lumières de Victorien m’enveloppent. La section rythmique de Matthieu Rabatté et Marcello Giuliani est une machine infernale. L’accueil du public est tellement puissant que c’est littéralement renversant. Le show passe un un éclair. Tous les musiciens sont heureux. Je suis tellement excité que je n’ arrive pas à trouver le sommeil. I’m jumping inside.
Voyage en tourbus jusqu’a Châteaurenard, près Avignon. Nous jouons dans la salle de l’Etoile. Plutôt ambiance rock club et totalement différent de la veille. Toute l’équipe de l’Etoile est vraiment cool. La scène est très petite et nous allons jouer très près les uns des autres. Il n’y a qu’une entrée pour arriver sur la scène et nous devons limiter les sorties de rappel. Le quatuor restera sur scène, même sur les titres sur lesquels les musiciens ne jouent pas. Je ne changerai pas de tenue non plus. Yan ouvre le show et nous commençons à 21h30. Le public est à bloc. Mon insomnie se fait sentir et je suis angoissé à l’idée de manquer d’énergie. J’ai tenté une sieste sans succès. Il fait une chaleur de brute sur scène et je dégouline de sueur. Mes vêtements sont trempés au bout de quelques titres. C’est Jean Maxence qui est seul aux manettes pour les lumières ce soir et il s’en sort très bien. La figure imposée de l’album dans l’ordre est hyper agréable à jouer. Ca impose une rythme qui me plait. Le public réagit à toutes les chansons et cela leur redonne une belle place. Ce soir la version de l’enfer enfin est sous tension et j’adore ça. Soudain, He’s On The Phone, Le premier jour emportent le public. Et la sortie avec Get Off my Case qui était au départ un titre provisoire, dévient permanent. Les choeurs du quatuor qui peuvent enfin se lâcher et les guitares de Marcello emportent le public. Retour en tourbus pour 9 heures de route. Nous apprenons à mieux nous connaitre avec les musiciens du quatuor et je suis vraiment heureux qu’ils aient rejoint le navire. Evidemment je ne dors pas. Deux nuits sans sommeil et j’arrive fracassé à Paris sous des trombes d’eau. Je tombe de sommeil en écrivant ces lignes. Bonjour, bonsoir, je ne sais plus.
Photo: Anaïs Callens
TOULOUSE – 6 NOVEMBRE
La ville rose. Heureux de retrouver l’Eden Team au Bikini. Joie de retrouver cette salle et l’équipe qui y travaille. Hervé à la légendaire hospitalité m’offre deux bouquins. L’un sur les derniers mois de la vie de Gérard Philippe et les oeuvres complètes de René Char dont j’ai lu les correspondances avec Camus. Ca tombe bien je viens de finir la bio de Debbie Harry et le journal de Jane B. Contrairement à Chateau Renard ou l’on était entassés sur la petite scène, ici nous retrouvons notre espace. Je règle des petits points avec Jean Maxence qui est aux manettes pour les lumières. Je ne veux pas être éclairé en blanc, je ne veux pas être trop éclairé et de préférence pas par en dessous ce qui me donne l’air d’un vampire, sur toutes les affreuses photos que j’ai vu passer. Damien règle les derniers points au son et tout semble parfait. Cool sound check rassurant. J’essaie de me reposer sans succès avant le concert. Idem pour les musiciens qui se posent ou ils peuvent sur des bancs de bois. Yan Wagner attaque, superbe comme à son habitude. Cette voix, putain!
La salle est debout et les gens sont serrés comme des sardines. Eden est un album complexe à jouer et a chanter. Chaque soir il faut dompter l’animal qui se dresse et nous résiste. Jamais pareil. Ce soir Soudain est magique. Le public ondule et se laisse caresser par Quand tu m’appelles Eden. Le show passe en 3 secondes. Résérection et les rappels sont des récréations. Jungle Pulse et He’s On The Phone trouvent enfin leur place près de 25 ans après leur sortie. Comme quoi….
Le public est ultra cool et se marre avec mes stupides petites blagues. X amours devient un moment. Doux et coquin. Get Off My Case est un carton chaque soir. Spécial love a mes amis de Toulouse qui sont là au premier rang, qui me portent. Backstage Fabien Waltmann qui a tant contribué à Eden vient me voir. Je suis anxieux de sa réaction. Il a aimé. Fred Ventura la légende du disco italien vient d’Italie pour voir le show. Nous allons enregistrer un titre ensemble en janvier. A la sortie je m’arrête pour signer des disques et des billets de concerts. Merci pour les sourires et les regards brillants. Merci Toulouse la belle pour l’amitié et la fidélité.
Photo: Anaïs Callens
PARIS – 11 NOVEMBRE
Tout a commencé par cette proposition de Vincent Anglade de la Philarmonie de Paris. Il me demandait de réfléchir à une idée de spectacle et je lui ai spontanément proposé de rejouer Eden, album qui ressortait peu de temps auparavant. Cette étrange date du 11 novembre devait être un concert unique, pas une tournée et j’imaginais une réunion avec la plupart des participants de l’album. Cette grande fête serait une célébration d’aujourd’hui et c’est bien vers le futur que nous avons tous regardé.
Arnold Turboust fut évidemment le premier invité et il répondit un grand OUI. Je chantais quelques jours plus tard avec Saint Etienne au Barbican de Londres et je leur ai proposé d’ouvrir la soirée. J’adorais l’idée de recréer le groupe Saint Etienne Daho, ce qu’ils ont aussitôt accepté . Puis j’ai j’appelé Brigitte Fontaine, qui a accepté à la condition exclusive que je change une partie du texte de « Jungle Pulse » que je lui avais imposé à l’époque et qu’elle a toujours détesté. A l’époque je voulais absolument placer ce petit message personnel dans la chanson. Et comme ce que Queen Bri veut, Dieu le veut, « Collés au plaf’ , roulant des pelles », est devenu pour une soirée, « Les dents heurtés en choc mortel ».
J’appelais mes amis Lyn Byrd et Nicholas Dembling des Comateens. Nicholas ayant composé « Soudain et « Me manquer », ne pouvait pas manquer à l’appel. Ils devaient venir de New York pour promouvoir la ressortie d’un coffret de leur trois premiers albums chez Tricatel et le timing était donc parfait. Paniquée à l’idée de remonter sur scène, 30 ans après leur dernier concert, Lyn se colla le jour même sous antidep’. Nous échangeâmes moultes mails délirants. Lyn et moi avons une manière secrète de communiquer à base de cris et d’onomatopées. Elle est un pur génie et elle est certainement la personne qui me fait le plus rire sur cette planète.
Quelques absents mais virtuellement présents: Mon amie Elli Medeiros qui vit en Uruguay et tourne un film en Amérique du Sud, Astrud Gilberto, The Swingle Swingers et mon David Whitaker adoré, qui nous observe en souriant, tout là haut.
C’est notre cinquième concert et le groupe et l’équipe sont déjà soudés comme un seul homme. Répétitions: Damien et David se battent pour contourner les problèmes acoustiques. Les salles conçues pour de la musique acoustique et classique, sont le cauchemar des ingénieurs du son, lorsqu’ils doivent sonoriser pop, electro, rock ou rap. Les répétitions avec Arnold et Sarah se passent au mieux. Brigitte est un peu nerveuse et je ne sais pas du tout ce qu’elle me réserve au moment du show. Nick et Lyn des Comateens sont contre toute attente hyper détendus.
La longue attente et la lutte contre l’apparition du trac commencent. On me dit que le public attend depuis ce matin dans le froid. Vite que l’on ouvre ces portes !!!!!!! Ca sent l’excitation des grands jours. C’est palpable, électrique. Je me prépare lentement. Je ne peux rien avaler. Je pense à tous ceux qui ne sont plus là et encore tellement présents…
On m’appelle pour annoncer les Saint Etienne. Hugs puis ils sont sur scène. J’observe le show depuis les backstages. Tout se passe bien, je file m’habiller.
Le public s’impatiente. Nous aussi. Je n’en peux plus d’attendre Les lumières s’éteignent. Clameurs. J’arrive sur scène dans un état second. « Tout n’est que recommencement »…Première phrase. Je m’entends bien. Je me sens bien. Les chansons s’enchainent avec des pics « Me manquer », De bien jolies flammes », « Soudain ». Le groupe est une machine infernale et je m’amuse dans les belles lumières de Victorien. Ce soir j’étrenne la veste en sequins créée par Hedi S. et qui scintille comme des gouttes de pluie dans les lumières.
J’ai chanté tout l’après midi pour répéter avec les guests et je sens que ma voix me lâche sur « Timide intimité » ou je chante seul, sans filet. Panique invisible pour tout le monde. Cauchemar pour moi. Fausse alerte. J’annonce mon compagnon d’armes Arnold qui me rejoint sur « Rendez vous au jardin des plaisirs ». Ovation. Je le regarde. En une fraction de seconde, je nous revois à l’Olympia en 1986. Même folie. Même excitation en 2019.
Je termine l’album et j’annonce les bonus. « Reserection ». J’enfile la veste en fil d’or. Les notes de basse de « Jungle Pulse » grondent et je vais chercher ma Brigitte adorée toute de blanc vêtue. Je ne sais absolument pas ce qui va se passer, ce qu’elle va faire. A sa demande, nous avons installé une chaise au centre de la scène. Un happening donc. J’improvise et danse autour d’elle. Elle grogne et pousse des cris. Elle termine en hurlant au public des mots d’amour « Je vous haiiiiis, je vous désteeeste !!!!. Un triomphe.
Sarah vient me rejoindre pour un Blondiesque et discoïde « He’s On The Phone » torride, dans un arc en ciel de lumières. Sarah avec son boa blanc a des petits airs de Debbie Harry parfois. Carton. Suivent « Idéal » et « Le Premier jour », repris à l’unisson par le public. Chair de poule. Premier rappel ou je termine par un « X amours » sweet et coquin.
Je suis rejoint par les Comateens pour clôturer cette belle fête. Fantastique de se retrouver sur scène avec eux. La première fois c’était en 1983. C’est complètement dément. Ce « Get Off My Case » transforme la Philarmonie en dance floor géant. Ce que le public nous donne est immense.
Pierre Alexandre me rejoint dans la loge. Il a adoré le show. Mes amis viennent m’embrasser mais je suis incapable d’avoir une conversation suivie. Je suis heureux, sonné et affamé…. La sensation d’avoir vécu un moment exceptionnel, une célébration de ces beaux liens d’amitié avec le groupe, les invités, l’équipe et le public.
Avant de quitter la Philarmonie, nous nous retrouvons tous dans la loge des Saint Etienne, où, accompagnés par le pianiste du groupe, nous entonnons à l’unisson, un « Ready Or Not » (version anglaise du « Premier jour ») qui fait briller les yeux.
Merci mille mille mille fois à tous. Xxxxx
Etienne Daho et Arnold Turboust, Philarmonie de Paris, 11 novembre 2019.
Photo: Anaïs Callens
Etienne Daho et Sarah Cracknell (Saint Etienne), Philarmonie de Paris, 11 novembre 2019.
Photo: Anaïs Callens
Etienne Daho et Brigitte Fontaine, Philarmonie de Paris, 11 novembre 2019.
Photo: Anaïs Callens
Etienne Daho et Comateens (Lyn Byrd & Nicholas Dembling), Philarmonie de Paris, 11 novembre 2019.
Photo: Anaïs Callens
CLERMONT FERRAND – 21 NOVEMBRE
Le choc post euphorie de la Philharmonie a été sévère. J’ai zéro de tension et j’ai chopé une stupide intox alimentaire qui m’achève définitivement. Nous n’avons pas joué depuis plusieurs jours et c’est toujours un peu plus difficile de reconvoquer l’énergie et les automatismes. Nous nous retrouvons à Paris Bercy, gare que je ne connais pas, direction Clermont Ferrand. Joie de retrouver le groupe.
Parano des passagers qui toussent et se mouchent tout autour de moi. Les chanteurs sont des athlètes bien fragiles et à la merci du moindre virus salaud, du moindre coup de froid fourbasse, du serrage de main ou du baiser empoisonné.
Il y a des salles comme la Coop de Mai où on est toujours impatient de revenir. Retrouvailles avec notre chère équipe technique. La salle est parfaite, l’accueil de Didier Veillault et de son équipe est à la hauteur de sa réputation. Après les balances je dois rencontrer les élèves du lycée St Géraud d’Aurillac. Et là, stupeur. Leur professeur Fred Le Falher les a fait travailler sur Eden et Résérection depuis des mois et ils ont créé une affiche, un clip sur « Un serpent sans importance » et une image par chanson. Incroyable. C’est vraiment très beau et très touchant. Ils sont intimidés et moi je le suis aussi par tant de travail et de talent.
Je m’installe dans la loge Bashung. Aux murs, les photos d’Alain me rendent mélancolique.
Yan Wagner attaque la première partie. Toujours smart et superbe. Puis c’est mon tour.
Après la première chanson, un énorme grésillement se fait entendre et fait redouter le pire, mais l’incident ne se reproduit pas. Le public est attentif, le show monte en puissance, chanson après chanson jusqu’à l’apothéose de Get Off My Case. Autographes, photos, yeux humides. Merci, merci, merci.
Photo: Photos Yann Cabello
LYON – 23 et 24 NOVEMBRE
Cette idée de jouer Eden avec l’orchestre symphonique de Lyon à germé il y a plus d‘un an, lors de la rencontre entre mon manager Pierre Alexandre Vertadier et Marc Cardonel, programmateur artistique de l’auditorium de Lyon et de la Philarmonie de Paris. L’idée était très excitante et faisait totalement sens avec le côté électro orchestral de album. J’ai accepté l’aventure et un long travail d’écriture a commencé. Stéphane Gassot est parti des arrangements originaux de David Whitaker pour réécrire les arrangements de l’orchestre et a fait un travail remarquable.
Nous arrivons à l’Auditorium, salle magnifique, alors que l’orchestre fait sa première répétition sans le groupe. Ils jouent « Soudain » et ça me met les larmes aux yeux. Je pense fort à David Whitaker, qui a écrit ces magnifiques arrangements. Puis rencontre avec l’incroyablement sympathique maestro, Dirk Brossé et avec l’orchestre. L’accueil et l’équipe de la salle sont vraiment chaleureux et tout démarre sous les meilleurs auspices.
Puis répétitions avec le groupe. Nous nous retrouvons de nouveau confrontés aux problèmes acoustiques due à la puissance du groupe et du style de nos arrangements, dans une salle conçue pour le classique. Damien Bertrand notre ingénieur du son est concentré. Nous jouons tous les soirs dans des configurations qui n’ont strictement rien à voir les unes avec les autres et c’est pour lui comme pour nous tous, musiciens et équipe technique, un challenge quotidien à relever.
Ici, la batterie prend beaucoup d’espace, couvre l’orchestre et les basses vrombissent. Damien passe patiemment toute la journée a corriger cela. Le soir nous faisons une unique balance entre l’orchestre et le groupe. Je suis hyper confort au niveau du son, ce qui est hyper agréable pour chanter et très rassurant pour le lendemain. Nous finissons tard et nous sommes tous lessivés. Je file m’écrouler avec bonheur à l’hôtel Maia, qui est sublime et ou le personnel adorable me chouchoute tout le séjour durant.
Je me réveille en forme. Mon épisode viral est passé et je ne tousse presque plus. A 11heures, répétitions des quelques titres qui semblent perfectibles au niveau de l’orchestre. Je retrouve mon ancien manager Pierre Carron et le réalisateur Fabien Raymond qui à déjà superbement filmé mon concert à Pleyel en 2008 et qui va capter le concert de ce soir. Nous réglons les éclairages de Victorien pour les adapter au tournage. Pour que l’image soit bonne, il faut m’éclairer davantage que sur les concerts habituels ce qui ne m’enchante pas du tout. Je corrige aussi certains éclairages qui à l’image me font passer en trois secondes de 30 à 90 ans. Puis je m’enquiers du protocole pour préparer la présentation de l’orchestre, du maestro et peaufine les remerciements. Ce soir nous ne jouerons pas « Warm Leatherette » ni « Get Off my Case » pour des raisons de durée du show, mais aussi pour finir sur une chanson avec l’orchestre. Le dernier titre sera donc « X amours » et c’est très bien de finir là dessous.
J’essaie de dormir un peu l’après midi, mais sans succès. Le trac des grands jours monte sournoisement. Entre toutes les préparations, les répétitions, je n’ai pas arrêté de parler et ma voix est un peu fatiguée. Je me prépare lentement. Stretch, vocalises, je ne peux rien avaler, je ne dinerai pas.
Laurie qui est mon ange gardien a fait ressemeler mes chaussures chéries. Ce sont des boots hautes qui mettent trois plombes à lacer, très solides, créées par Hedi Slimane et que j’ai porté à tous mes concerts sans exception, depuis le « Réévolution Tour » en 2004. Je ne peux rien porter d’autre pour monter sur scène et elles commençaient à faire un peu la tronche. Mais là, ce cordonnier béni à fait des miracles et elles sont comme neuves.
Pierre René Worms mon ami et photographe qui me suit depuis les premières Transmusicales, soit 40 ans (OMG), est venu faire des images, comme il le fait à chacune des étapes importantes de ma vie.
Hugs et vannes avec les musiciens pour conjurer le trac. Nous sommes vraiment soudés. La dernière personne que j’embrasse est Mako. C’est comme un rite que nous avons lui et moi. Pierre Alexandre m’encourage et tente de m’apaiser. 19:45, à l’anglaise, l’orchestre monte sur scène pour s’accorder. A 20 heures tapantes, le maestro Dirk Brossé et les musiciens montent sur scène, accueillis par une ovation chaleureuse. Noir salle. J’avance dans la lumière. Tout n’est que recommencement….
En deux syllabes je m’aperçois que le son de la répétition hyper confort et celui que j’entends là n’a strictement rien à voir. Mille idées sombres passent dans ma tête et je mets 2 chansons à retrouver mes marques et à oublier les caméras et à m’habituer aux lumières qui m’éclairent beaucoup plus que d’habitude.
Puis le trac se dissipe et la magie commence à opérer. Le public tente de se lever et de venir devant la scène, mais il y a un proscenium non sécurisé et à la stabilité dangereuse pour qui veut monter dessus. La sécurité, qui n’a pas l’habitude de ces élans, panique un peu pour maintenir la foule autour du proscenium et éviter un accident.
Les beaux moments s’enchainent avec les titres orchestraux comme « Soudain », « Le premier jour ». Pendant « L’enfer enfin » j’ai la sensation de décoller. Les 1h 30 de concert passent en un clin d’oeil. Les ovations sont longues et chaleureuses.
Après le show et toutes ces tensions, joie de retrouver amis, proches (et très proche) et trinquer avec le groupe et l’équipe technique, ce qui nous arrive trop rarement. Furieuse envie de me lâcher…mais vite rattrapé par la perspective du concert de demain.
Aujourd’hui, même lieu mais autre histoire, autre énergie.
L’Auditorium m’avait proposé une carte blanche pour le week end et outre mon concert, on me demandait d’inviter un artiste. J’ai choisi le groupe Baum. Olivier Mellano m’avait proposé d’interpréter « Ici bas » une des chansons de son superbe projet de reprendre les mélodies de Gabriel Fauré. Baum est composé de magnifiques musiciens, Simon Dalmais, Anne Gouverneur et Maeva Le Berre. Leur album est un bel acte de résistance et de défense de la beauté.
J’avais déjà joué avec eux au 104 à Paris et j’avais adoré participer à cette aventure. Chaque concert à des participants réguliers et des invités, comme Philippe Katerine ou Dominique A. Ce soir il y à Elise Caron, Hugh Coltman, Piers Faccini, John Greaves, Kyrie Kristmanson, Himiko Paganotti, Albin de la Simone, Rosemary Standley et moi.
Après la grande frénésie d’hier, les répétitions sont calmes et posées. Pierre Alexandre est resté avec moi à Lyon pour m’accompagner. Je répète mon titre et retourne à l’hôtel ou je dors 20 minutes. Je suis explosé. Le concert commence, absolument magnifique. Tous les intervenants sont exceptionnels, sobres et concentrés. Les interventions d’Olivier Mellano sont très cinématographiques et nous emportent très loin. Je rentre sur scène et suis un peu surpris par les applaudissements qui couvrent les premières notes de piano. Simon et moi nous regardons pour nous rattraper par une pirouette dont personne ne s’aperçoit. C’est dingue que ce qui semble être atrocissime pour soi quand on chante, passe totalement inaperçu pour le public. Nous finissons par « Seul » un final collectif beau et dramatique.
Ce week end à Lyon fut magique et riche en émotions grâce à vous tous. Merci. Xxxxxxxxxxxxxxxxxx
Photo: Bertrand Gaudillère
BLOIS – 30 NOVEMBRE
Pas trop eu le temps de me reposer après les émotions de la semaine dernière. Soirée GQ, Photo shoot pour la couve des Inrocks qui sort le 4 et qui célèbre les 40 ans des Trans, écoute du live à Lyon, préparation de deux disques pour le disquaire day….etc…
Joie de retrouver mes petits camarades Gare de Lyon pour partir à Blois dans 2 vans séparés. Je ne me souviens plus de la dernière fois ou j’ai joué à Blois, mais je pense que c’était il y a mille ans. Je voyage avec Caroline, Marcello, Matthieu, Jean Louis, Dan et notre chauffeur Farid, impec. Nous refaisons le monde, tout y passe, les sujets brulants du moment, ceux ou Marcello s’emporte avec éloquence. Dans la conversation, je glisse qu’un ancien ministre était de la fanfare. L’expression leur fait la journée.
L’équipe de la salle du jeu de Paume nous fait un très bel accueil. C’est immense, genre gymnase et nous nous précipitons au catering, tous affamés. Pendant tout le déjeuner l’alarme incendie se déclenche et sonne avec un nouveau sonore assourdissant et ne semble pas vouloir s’arrêter. Je me bourre les oreilles de Kleenex. Le message de stress de l’alarme nous fait tous déjeuner en trombe pour quitter le catering au plus vite.
Le sound check se passe très bien. Le son est parfait. Julien et Clément aux retours et Damien en façade sont contents. Nous prenons le temps de reprendre nos marques avec le quatuor, d’autant plus que Joachim est remplacé sur cette date par Marie Alix qui s’en sort parfaitement bien. Nous prenons le temps de tout régler et cela a pour conséquence que je n’ai pas le temps de répéter le super duo « A tes côtés » avec Malik Djoudi, qui ouvre le bal ce soir. Il arrive, toujours tellement charmant et cool avec son équipe.
Je file à l’hôtel pour me reposer et ça tombe bien, j’ai un livre chiant à mourir qui me tombe des mains. Je dors une heure , ce qui est génial pour la vitalité et surtout pour la voix, vu que je n’ai pas arrêté de chanter et de jacter toute la journée.
Diner 19h avec Toto, Arnaud et Laurent (pommes de terre vapeur, donc sucres lents, donc digestion rapide), stretch, inhalation, vocalises. Je présente Malik qui ouvre le show et je reste pour regarder quelques chansons aux côtés de Victorien. Super accueil mérité pour lui. Ce mec est un grand.
C’est mon tour. Belle ambiance des grands soirs, hugs, Mako toujours en dernier et …..Tout n’est que recommencement. Le son est nickel et aussi bien qu’à la répétition. Je me sens bien, la salle est blindée, amicale, ondulante. Le public se masse devant la scène ou je reconnais mes fans hardcore Deluxe. Soudain, He’s On The Phone et Le premier jour font un carton. Fin climax avec Get Off My Case.
Le groupe, la technique et moi sommes heureux. Amis, smacks, yeux brillants, hugs, attention je n’embrasse pas pendant la tournée (hélas parfois). Et je mets des gants au cas ou je doive serrer des mains. C’est moyen, mais toujours mieux que d’être obligé d’annuler un concert en cas de virus pute qui me bondirait dessus.
Retour en van avec Damien, Caroline, Matthieu, Jean Louis, Dan et Mako. Même Farid chauffeur cool qu’a l’aller. Je suis mort de faim et je tuerais pour un cocktail d’alcool très fort. Je suis un peu surexcité par le concert et j’ai du mal redescendre. Je n’arrête pas de parler alors que tout le monde à la paupière un peu lourde et voudrait sans doute un peu de calme. Caroline à l’air d’avoir envie de se marrer avec moi, mais devient sérieuse et bombarde Mako de questions sur les rae rae de Tahiti.
Nous arrivons vers deux heures du mat et attendons nos taxis dehors dans un froid de bête. Je ramène Laurie et pauvre Matthieu qui en plus, doit aller récupérer son scoot à la fourrière.
Maison. Coma profond.
Photo: Anaïs Callens
NANTES 3 DECEMBRE
Retrouvailles joyeuses à la gare Montparnasse. Joachim est de retour. Nous embarquons pour une série de trois concerts d’affilée et avons enfin la sensation d’être vraiment en tournée. Dans le train, Jean Louis et moi, commençons à faire des projections de planning pour le prochain album de Jane que nous produisons tous les deux.
Nous arrivons à la Cité des Congrès de Nantes, magnifique.
Eddy Josse replace Damien Bertrand qui est parti sur la tournée de Philippe Katerine et ce sera son premier concert avec nous ce soir. Nous répétons avec lui pour qu’il prenne ses marques sur ce show qui est au millimètre. Les panneaux de marbre en face de la scène, en font une salle pas évidente à sonoriser, mais la balance se passe bien. Dès le début, nous sentons que cela sera sera un bon concert. Le public nantais est super, à bloc et le concert est un succès.
Backstage nous avons la visite de mon cher Dominique A, de Gaetan Chataigner qui a réalisé le beau film du « Blitztour » et du guitariste Goulven Hamel. Yves, mon ami d’enfance, rôle modèle de mon adolescence, avec lequel j’étais chez les scouts et avec lequel j’ai fait toute ma scolarité jusqu’a la terminale est là, avec sa fille. Ma nièce Morgane est venue de Rennes avec son super boyfriend. A la sortie, photos, autographes et cool vibe.
Je rêve de boire des coups avec le groupe, mais le challenge de Rennes nous attend demain.
Photo: Emilie Dubrail
RENNES 4 et 5 DECEMBRE
Ce soir nous fêtons les 40 ans des Transmusicales. Difficile de réaliser que je montais sur scène il y a 40 ans, avec mes potes du collectif foutraque d’ « Entre les deux fils dénudés de la dynamo… ».
Je suis invité par Jean Louis Brossard et Béatrice Macé pour faire l’ouverture symbolique de cette édition anniversaire au TNB, théâtre dirigé par l’excellent Arthur Nauzyciel. Cette invitation a donc de multiples résonances.
Pierre René-Worms qui est le premier photographe a avoir fait des photos de moi aux Trans sera là également pour couvrir l’évènement. Mes amis, ma famille et ma mère seront dans la salle.
Je me rends à la répétition qui se passe très bien, malgré la pression qui monte peu à peu, sournoise. La salle me parait plus petite que dans mes souvenirs. J’ y avais joué un chat dans « L’été », une pièce de Weingarten lorsque j’avais 16 ans et que j’étais au conservatoire d’art dramatique. Laurie mon ange gardien a chopé un virus et elle est très malade. On va devoir hélas se débrouiller sans elle et se passer de sa présence bienveillante.
A 20h je présente un jeune artiste rennais choisi par Jean Louis Brossard et dont l’album sort le jour même. Il s’appelle Rouge Gorge et remporte un beau succès.
Le public s’impatiente. Nous entrons enfin sur scène à 20h50. Tout n’est que recommencement…. Je dédie le concert à Philippe. Claire Pascal sa compagne est là avec Hervé Bordier que je salue, comme l’homme qui m’a poussé sur scène pour la première fois. Je salue aussi Béatrice et Jean Louis.
Je dédie « De bien jolies flammes » à ma mère. Je chante la gorge nouée. Je comprends soudain pourquoi je n’ai pas sorti cette chanson à l’époque. Ne pas mettre sa pudeur à l’épreuve. Ni la mienne.
La vibe est étrange. L’accueil hyper chaleureux du début du show devient polaire. J’identifie le malaise lorsque j’entends des cris. Visiblement il y a un problème de son dans la salle. Le public s’interpelle violemment avec des avis contraires. Ouh laaaaaaaa…..
Je reprends le contrôle de la situation et le show reprend de plus belle, cette tension me donnant la niaque de finir en beauté. La seconde moitié du show est super. Standing ovation.
Pierre Alexandre me récupère à la sortie de scène. Ce devait être une si belle fête. Tous les shows sont importants, mais celui était vraiment spécial. On se casse tellement le cul pendant des mois pour que tout soit bien et lorsque l’on est battu par l’acoustique d’une salle ou un problème technique, c’est rageant….et en plus, manque de bol, alors que tous les concerts sont de belles réussites, des tas de médias importants étaient là ce soir. Nous allons nous faire massacrer.
Je file retrouver ma famille à l’hôtel. Keefus et Jade de Unloved ont adoré et me disent que ce show ressemblait à un film. Ils sont si beaux tous les deux. Merveilleux.
Evidemment nuit blanche, évidemment pensées charbon, ruminations….
Dès potron minet avec Pierre Alexandre, coup de clairon, tout le monde sur le pont: Identifier le problème. L’équipe est fantastique, quelle chance d’être si bien entouré. Problème identifié en un temps record: addition d’incompatibilités techniques entre la salle et nos équipements, mais qui seront réglés ce soir, thanks God. Longue conversation avec Mako si bon, si juste.
La presse relate la soirée et si le problème ne vient pas de moi, comme développé dans les articles, les gros titres sont négatifs et c’est finalement ce que la majorité des gens va retenir. Fuck it. J’en ai vu d’autres et j’en verrai encore d’autres. J’aurais tellement aimé que ça se passe bien, mais nous ne sommes pas des machines infaillibles. Le live est le live. Et les problèmes techniques sont inhérents au live. Tout peut arriver et ce que l’on recherche en venant à un concert, c’est l’émotion du moment, y compris les problèmes techniques, les pannes de micro, les cordes de guitare qui pètent, les rideaux qui vous tombent sur la gueule…. la vie quoi.
Claire Pascal et Hervé Bordier viennent me retrouver à l’hôtel dont les vitres ont été explosées car c’est une journée sous haute tension. Dehors nous faisons des photos sous une fresque de Marquis de Sade, sur le grand mur du club que nous fréquentions il y a 40 ans, le Batchi.
Je retrouve tout le monde à la répétition. L’équipe est soudée et confiante, mais je n’arrive pas me débarrasser de cette boule glacée logée dans le plexus, comme lors de mon premier concert. La boucle est vraiment bouclée. Je repasse dans mes pas. Etrange non? Mais ce soir je ne boirai pas avant de monter sur scène et je n’aurai pas le hoquet.
Cette insomnie m’épuise et je ne peux rien avaler, j’ai trop hâte que le concert arrive. J’arrive sur scène et le public, conscient de nos soucis de la veille, nous fait un triomphe. Ce message d’encouragement et ce témoignage d’amour bouleversant me foutent la chair de poule.
Dès les premières notes, je sais que le concert sera chargé en énergie et émotion. Les chansons s’enchainent avec fluidité et puissance. Le public est dément, avec nous du début à la fin. Merci Rennes de m’avoir aimé une fois de plus.
Amis, famille récidiviste, amours, hugs, retrouvailles. J’ai faim, bon signe et malgré les yeux doux, je file me coucher et m’endors enfin.
Ps: Et merci pour le soutien indéfectible. Vous vous reconnaitrez.
Photo: Anaïs Callens
BREST 10 DECEMBRE ET BORDEAUX (Mérignac) 11 DECEMBRE
Semaine de 5 concerts à assurer avec les grèves de train et d’avions, donc sportive. Rendez donc vous à minuit Gare de Lyon pour partir en tourbus à Brest. 9 heures de trajet. Je dors tellement mal dans les tourbus, que je m’inquiète du manque de sommeil, toujours désastreux pour la vitalité et la voix. Je me suis donc préparé un petit cocktail pour m’assommer (bien que je ne n’ai aucune idée de son efficacité) et une tonne de boules Quies.
Arrivée à Brest sous une pluie battante et un vent à décorner les boeufs. Je file dormir à l’hôtel car mon super cocktail est totalement inefficace. J’adore l’ambiance de Brest. Cette ville est si inspirante.
Arrivée au Quartz, belle salle, bonne équipe et accueil chaleureux. Je suis venu plusieurs fois au Quartz et j’y ai des souvenirs très forts. La première fois pour le « Kaleidoscope Tour » en 1997 avec Eden. La veille j’avais fait la fête à Rennes et j’avais une gueule de bois mondiale. S., inspiratrice de pas mal de chansons de Eden et de Résérection était venue avec moi. Puis avec Jeanne pour « Le Condamné à mort ». J’avais rattrapé Jeanne au vol dans les escaliers, lui évitant une chute fatale. Puis sa fureur d’avoir à faire des kilomètres dans une tempête de neige pour rejoindre notre hôtel. Et lorsque j’avais découvert dans ma loge le disque de HF 90 qui reprenait intégralement « Mythomane »… Revenons à 2019.
Le sound check se passe bien. Eddy est là cette semaine pour le son en façade et Jean Maxence Chagnon remplace Victorien. Laurie est revenue d’entre les morts et me bichonne. Ce soir et demain soir, Yan Wagner, bloqué par les transports, ne fera pas hélas la première partie.
Nous montons sur scène pour cette traversée et emmener le public jusqu’a bout. Le public brestois nous suit dès la première chanson et nous fait un triomphe. Tout est bon dans Le Breton. C’est définitif.
Après le concert nous filons directement à Mérignac près de Bordeaux. 9 heures de trajet. Nous arrivons explosés à la salle du Pin Galant qui est superbe. Le directeur de la salle nous accueille très gentiment et nous offre du vin. Après la balance, je fonce à l’hôtel pour finir ma nuit de 4 secondes. Je reviens raffraichi à la salle.
Routine de préparation. Après la première chanson, j’ai l’ovation la plus folle de toute ma carrière, je pense.
Des applaudissements qui ne semblent pas vouloir cesser. Si bon et à la fois, la pression d’être à la hauteur de tant d’amour. Un concert dément qui restera un des moments forts de la tournée. Après le concert nous filons au bus pour rentrer direct à Paris. 10 heures de trajet. Nous avons maintenant la sensation d’être véritablement en tournée. Plus de concerts dispersés et il y a une vraie cohésion avec tous les membres du groupe. Je fais un petit DJ set et la température du bus monte. Je n’en dirai pas davantage.
Nous arrivons au petit matin à Paris. J’ai la voix pétée d’avoir bu et gueulé une partie de la nuit. La clim n’arrangeant rien. Le taxi qui me ramène chez moi est bloqué dans les embouteillages et mes paupières pèsent 4 tonnes. J’arrive finalement chez moi et m’écroule jusqu’a midi. Journée très comateuse.
Photo: Carolyn Caro
BRUXELLES 13 DÉCEMBRE – ROUBAIX 14 DÉCEMBRE
Un beau vendredi 13. Rendez vous à 10h00 Gare de Lyon pour partir en tourbus à Bruxelles. Impossible de commander un taxi depuis la veille. Nous arrivons tous à la bourre. Dans le métro, Lison a été salement bousculée et Caroline, qui à vu une fille se faire taper dessus, arrive en panic attack. L’humeur est tout de même joyeuse, nous sommes grisés par la perspective de jouer à Bruxelles et dans le nord où le public est toujours dément. Nous mettons deux heures à sortir de Paris et en mettrons neuf en tout, pour arriver à Bruxelles. Du délire. Hervé notre chauffeur est exsangue.
Arrivée au cirque royal rénové. Je suis dingue de cette salle. Fiesta mentale. Le sound check se passe très bien. Nous passons plusieurs titres en revue pour corriger encore des mixes avec Eddy Josse, notre nouvel ingénieur du son façade, qui va rester avec nous jusqu’à la fin de la tournée. Mes amis Thierry Suc, Patrick Péan et le photographe Joao Luis Bento, qui a shooté cette magnifique photo en noir et blanc (pochette de « Me Manquer » et affiche de la tournée) passent me voir avant le show. En général je n’aime pas voir les gens avant le show ou savoir qui est dans la salle, mais leur présence me fait très plaisir. Je m’améliore, donc.
Yan Wagner est enfin de retour avec nous et son set fait un carton. Hâte de monter sur scène. Première syllabe, le son est nickel. Petits clins d’oeil rassurés avec Julien Decarne et Clément Daubord qui s’occupent de nos retours sur scène. Le public est à bloc et nous aussi. Jouer plusieurs jours de suite nous permet d’avoir vraiment le show dans les pattes et de se laisser davantage aller au plaisir. Cette traversée en osmose avec le public bruxellois qui nous fait un triomphe, est un bonheur A BSO LU !!!!!!!!!!. Amour.
Backstage nous retrouvons nos amis. Joie joie joie !!! Jacques Duvall, qui pour moi, est le meilleur auteur contemporain de textes en français est là aussi. Nous parlons de « Le jour et la nuit » cette chanson qu’il m’a écrite pour l’album « Réévolution » et que j’adore. Régine et Thierry Ménétrier, qui se sont rencontrés lors d’un de mes concerts et qui sont depuis, mariés et parents de deux jeunes filles adorables, sont là. Je tente d’écourter l’after show, car nous jouons encore demain et après demain, mais c’est très dur de s’arracher. Dehors il fait un froid de bête et j’ai perdu mon écharpe. Des tas de gens m’attendent et je resterais avec plaisir, mais ils sont trop nombreux et vraiment ça caille trop. Je culpabilise de les laisser attendre dans le froid, mais j’ai un genre de gratouille dans la gorge que je ne préfère pas aggraver. Enfin une nuit à l’hôtel et pas dans le bus. Nous filons direct à Lille pour nous écrouler, mais pas de bol, je suis trop excité, je n’arrive pas à redescendre, je dors pas. Fuck!
Après une nuit les yeux collés au plaf’, pleine lune assez garce, nous filons en bus à Roubaix et pour une fois cette semaine, la distance est très courte. Le Colisée est une salle magnifique. Le bus de la technique est tombé en panne et ils ont peu dormi. Tout le monde est fracassé par cette semaine au routing de malade. Le directeur de la salle très gentil, nous amène Jean Louis et moi à l’extérieur pour faire des photos des lettres rouges au fronton du théâtre. EDENDAHOTOUR. Ça jette grave. Il me dit aussi que Brel et Piaf ont chanté dans cette salle. Il était à l’Olympia en 1985 avec une bande d’amis, qui seront là aussi ce soir. Ça me donne un frisson qui remonte de la main jusqu’à la base du cou. Le sound check est nickel et laisse augurer d’un beau concert. Je vais dormir une petite heure dans le bus pour être un peu plus frais. Je me prépare, mais je ne me sens bizarrement pas très bien. Je ne suis pas du genre à écouter mes petits bobos. J’occulte et je trace. Nous sommes tous excités de monter sur scène. Le public se lève dès la première chanson et je m’amuse beaucoup. Les musiciens et moi prenons un plaisir fou. Beau et chaud chaud chaud concert porté par un public au top. Je sors de scène et mon malaise persiste. Je fonce dans le bus ou je dois voir mes invités, mais (qu’ils me pardonnent) je les expédie car j’ai hâte de me reposer. Je dois assurer le concert d’Anzin et je veux être le meilleur possible.
Arrivé à Lille, j’essaie d’échapper aux chasseurs d’autographes, venus pour Star 90, qui envahissent le hall de l’hôtel et qui me reconnaissent malgré bonnet jusqu’aux genoux et écharpe. Vraiment je ne peux pas. Je ne me sens pas bien et prends la décision d’aller aux urgences. J’en profite pour remercier tout le personnel soignant de s’être si bien occupé de moi. Admiration, gratitude sans bornes et soutien à eux. Je ne vais pas entrer dans des détails qui ne concernent que moi, mais après une nuit blanche (encore une) et compliquée, ou Laurie et Alexis, ne m’ont pas lâché la papatte une seconde, je peux rejoindre les musiciens à 10 heures du matin, pourvu que nous puissions rentrer tous ensemble à Paris en tourbus. Je sens que tout le monde a eu peur (sorry) et est soulagé de me revoir. Hélas nos devons prendre la décision d’annuler le concert d’Anzin, qui sera finalement reporté au 26 janvier. Toujours une cruelle décision à prendre pour moi, pour les musiciens, la technique et bien sûr le public. Je ne m’y ferai jamais. Une capitulation quand on n’a pas d’autres solutions. Mais pour mieux revenir.
Baisers à tous et merci pour tous vos messages si chauds, si sweet. Je m’enroule dedans. Xxx é
Ps: A mon réveil des centaines de mails et de messages affolés de famille et d’amis qu’il faut rassurer. Le poison de l’époque. L’infox choc. Je suis hospitalisé, dans le coma, blah…..blah…..blah…..
SORRY GUYS. NOT DEAD YET !
Photo: Anaïs Callens
CHAMBÉRY 21 DÉCEMBRE – PARIS PLEYEL 23 DÉCEMBRE
On m’avait déjà fait le coup il y a 25 ans, mais là, l’histoire bégaye un peu quand même. Et avec le même album. Curieux… J’ai donc passé une semaine vraiment absurde à rassurer famille, amis et public pour…un épisode viral bénin. Une info alarmiste non vérifiée, lancée par l’attachée culturelle de la ville où je devais jouer, puis relayée par une femme de presse influente, qui alerte les journalistes, en rajoutant une couche coma. Infox relayée par la majorité des médias à coups de gros titres drama, commentés à l’infini. Je vais désormais hésiter à tousser ou à éternuer en public, de peur que l’on annonce mon clamsage imminent. Mais bref, passons bien vite à autre chose.
Je pars avec Laurie en avion pour Genève aux aurores. Comme je devais me lever à 6 heures, j’ai eu peur de ne pas me réveiller et je n’ai quasiment pas dormi. On annonce une tempête, mais le vol est heureusement paisible. A l’aéroport de Genève, nous retrouvons Dan qui s’occupe de ma sécurité, son assistante Nadia et le violoniste Joachim pour faire le trajet en voiture jusqu’à Chambéry. Nous arrivons à l’espace André Malraux, accueillis par Paola qui gère l’endroit, ravissante et très gentille. Je retrouve l’équipe et le groupe au catering, qui aujourd’hui est absolument délicieux. La salle est superbe et le sound check est nickel. Je fonce dormir un peu dans le bus pour récupérer, mais pas complètement tranquille à cause de cette gêne au fond de la gorge, dont je n’arrive pas à me débarrasser. Je dors une heure, ce qui me fait beaucoup de bien. Diner, puis lente préparation. J’écoute en boucle « Mister Big Stuff » de Jean Knight. Où la voix de Debbie Harry, dont l’énergie me contamine.
Nous jouons dans un théâtre où le public est confortablement assis. Je me prépare donc à une conquête en profondeur, sans m’appuyer sur un joker tube que le public attend parfois. Mais surprise, après « Au commencement », le public me fait une standing ovation longue et chaleureuse. L’ambiance est électrique et la chaleur monte. Grande complicité entre nous tous sur scène. Des titres comme « Me manquer » « Soudain » et ce soir, particulièrement « L’enfer enfin », sont longuement applaudis. La chaleur s’intensifie avec « Jungle Pulse », « He’s On the Phone » et « Le premier jour ». Et apothéose avec « Get Off My Case ». Après ce beau concert, je rencontre la délicieuse Nathalie Pillet qui a écrit cette somme incroyable sur moi « Paroles de fans ». Merci tellement à Nathalie et à tous les participants à cet ouvrage.
Puis retour en bus vers Paris avec un trajet d’une dizaine d’heures, pendant lesquelles nous allons essayer de dormir, malgré ce mélange d’excitation, de fatigue et de secousses de la route, ambiance cariole de la mort. Arrivée 7h00 du mat. Direct maison en taxi. Le chauffeur tient absolument me raconter sa vie par le menu, mais je suis au bout de la mienne, j’ai la paupière qui pèse 20 tonnes. Pitié !! J’arrive vaguement à formuler une ou deux phrases vraiment n’imp’ pour lui montrer que je m’intéresse, mais de toutes façons, il ne m’écoute pas vraiment, à fond dans son monologue énervé. Puis crash maison et dimanche de rien.
Lundi au réveil, humeur de rêve car heureux de jouer à Pleyel ce soir et petit soleil gracieux. Je dois retrouver tout le monde à 15h00 pour le sound check. Devant Pleyel, des visages familiers et amicaux m’accueillent. Certains ont quasiment assisté à tous les concerts. Tous ces trajets, concerts, logement…. C’est dément. Merci du fond du coeur pour la fidélité.
Le hall d’entrée Art Déco de Pleyel est d’une beauté folle. Toujours un choc. La salle est magnifique. Des travaux acoustiques ont été effectués depuis mon dernier passage avec Jeanne Moreau pour « Le Condamné à mort ». Quel souvenir, mon dieu ! Le son est très bright, mais très précis. Arnold Turboust vient répéter avec nous, car il intervient sur « Rendez Vous au Jardin des plaisirs ». Antoine et Charles du duo Moïse Turizer, que j’ai invité pour faire la première partie, viennent d’arriver et je leur cède la place pour leur sound check.
On m’installe dans la loge Lou Reed. Délicate attention. Je me pose un peu avant le drink de Noël et la remise des cadeaux à l’équipe et aux musiciens. Des semaines d’investigations en douce pour sonder les goûts de chacun pour ne pas trop me planter dans le choix. Nous avons traversé ensemble cette aventure faite de beaucoup de grands hauts et parfois de vents contraires qui nous ont soudés.
J’entends au loin ma sélection de titres surf sixties et obscurs que l’on passe en salle pour ambiancer. J’annonce Moïse Turizer qui prend la scène d’assaut pour assurer un set chamanique sous haute tension. Superbe.
La tension monte. C’est à moi. Des les premières syllabes je sens que ça va être intense. Il me faut deux titres pour m’habituer au son, toujours si différent du sound check lorsque la salle est remplie. Ma voix est un peu forte par rapport au reste du groupe et je me sens un peu trop éclairé, ce qui a tendance à me figer. Je ferme les yeux pour me concentrer et m’accroche au pied de micro sur « Les passagers ». Puis c’est parti pour une longue étreinte émouvante, enveloppante et passionnée. J’annonce Arnold qui est ovationné. Un moment fort de complicité avec lui enfin retrouvée. Au fur et à mesure « Timide intimité » devient justement un beau moment d’intimité avec le public. Nous finissons l’album Eden et attaquons la dernière montée avec « Jungle Pulse », « Idéal », « Le premier jour » et « Get Off my Case ». Final sur « Sleigh Ride » des Ronettes, titre extrait du classique album de Noël de Phil Spector. J’ai demandé à Victorien d’imaginer un tableau Noëlisant et il a créé un sapin de lumière superbe dans lequel nous saluons. Quelle soirée!!
Monter sur scène demande une mise en condition mentale assez particulière et il est difficile d’en sortir brutalement, de retrouver son état normal, de socialiser et de se faire lécher le museau. J’ai 4 secondes pour redescendre, me doucher et retrouver famille, amis et médias pour un after show blindé. Je tente de saluer tous les invités. Tout le monde à l’air heureux, alors je le suis aussi, grisé par les mots doux et par cette cool sensation de la mission accomplie.
Je crève de faim et j’ai tellement perdu de poids avec les concerts, que je rêve d’engloutir toutes les trucs pouffe, combinaison fatale sucres et gras, dont je me prive depuis le début de la tournée. Je donne rendez vous à l’équipe et aux musiciens au Harry’s pour se fignoler et célébrer, à base de cocktails et de joker culotte avec Pauline, Victorien et Jean-Maxence. Ça pourrait durer toute la nuit, mais je m’arrache à 3 heures car j’ai un train pour Rennes aux aurores.
Photo: Anaïs Callens
MERCI !!!!!!!!
Paris ( Philarmonie- Pleyel- Olympia)- Créteil- Montpellier- Chateau Renard- Toulouse- Clermont Ferrand- Lyon- Blois- Nantes- Rennes- Brest- Bordeaux- Bruxelles- Roubaix- Anzin- Chambery-
Photos: Nelly Combe-Bouchet